Commémorations - Brigade Piron

À l’occasion des 80 ans de la libération, quatre véhicules ayant participé à l’incroyable périple de la Brigade Piron reviennent défiler en Normandie. Habituellement conservés et restaurés en Belgique, dans les ateliers des Bastogne Barracks (War Heritage Institute), ils feront exceptionnellement étapes dans plusieurs lieux iconiques de l’histoire de la Brigade et suivront les commémorations et défilés prévus !

C’est une colonne incroyable qui sera de passage en Normandie à la fin du mois : pour l'une des premières fois depuis le débarquement, nos Daimler Armoured Car, Daimler Dingo scout car, Scammell Pioneer et White M3A1 Scout Car rouleront à nouveau dans l’Ouest français ! Le long de la Côte Fleurie, ils emprunteront une partie de l'itinéraire originel de la Brigade Piron et s’arrêteront dans plusieurs villes et villages pour rendre hommage à ceux qui ont donné leur vie pour la libération.

Matériel de la Brigade Piron, conservés et restaurés en Belgique, dans les ateliers des Bastogne Barracks.

1. Daimler Armoured Car. | Le Daimler Armoured Car est une auto-blindée d’origine britannique. Ce véhicule est déployé par les groupes de reconnaissance de la Brigade Piron. Armé d’un canon de 40 mm, d’une mitrailleuse Besa et d’un fusil-mitrailleur Bren, le Daimler est un véhicule de reconnaissance et d’escorte de convois efficace. Cliquez ici pour lire la suite

2. Daimler Dingo Scout Car. | Le Scout car surnommé « Dingo » est un véhicule rapide capable de se désengager rapidement en cas de danger. Utilisé pour la première fois en 1940, le dingo est largement employé pendant la bataille de Normandie comme véhicule de reconnaissance auprès des unités alliées. Cliquez ici pour lire la suite

3. Scammel Pioneer. | Doté de capacités de traction impressionnantes, le Scammell est à l’origine conçu pour les industries pétrolières et sylvicoles. Durant la Seconde Guerre mondiale, le véhicule est employé comme tracteur d’artillerie et de semi-remorque porte-char (version Pioneer), ainsi que dépanneur lourd (version SV Breakdown). Clicquez ici pour lire la suite

4. White M3A1 Scout Car. | Le M3A1 scout car construit par White est un véhicule blindé de reconnaissance américain. Ses performances limitées en tout-terrain conduisent l’armée américaine à l’abandonner après la campagne d’Afrique du Nord et à le céder à des armées alliées, surtout britannique et soviétique. C’est ainsi que la Brigade Piron se trouve dotée de quelques exemplaires de ce véhicule. Cliquez ici pour lire la suite

Un peu d'histoire

Le 10 mai 1940, la Belgique est envahie. Le 16 mai, un camp de regroupement militaire belge est officiellement créé à Tenby, sur la côte sud du Pays de Galles. Sous le commandement du lieutenant-général Victor van Strydonck de Burkel, le camp accueille les officiers et soldats belges désirant poursuivre la lutte contre l’envahisseur. Alors qu’aviateurs et marins se battent déjà, les hommes de Tenby doivent s’organiser et tout mettre en place : l’équipement, la logistique, le logement, l’accueil des nouveaux venus, la formation des soldats, etc.

L’unité combattante belge et l’état-major des Forces belges en Grande-Bretagne sont officiellement constitués le 12 août 1940. En février 1941, les forces belges sont organisées sous la forme d’un bataillon de fusiliers à trois compagnies, une batterie d’artillerie, une compagnie de renfort et d’instruction, un dépôt, une infirmerie, un conseil de guerre et une aumônerie, le tout coiffé d’un état-major attaché tactiquement à une brigade anglaise. Cette nouvelle armée belge deviendra plus tard la « Brigade Piron » et s’illustrera sur les champs de bataille en France, en Belgique, aux Pays-Bas ainsi qu’en Allemagne.

Formation de la Brigade Piron

En décembre 1942, le commandement et l’organisation des Forces terrestres belges en Grande-Bretagne sont bouleversés et passent sous le commandement du major Jean-Baptiste Piron. En janvier 1943, Piron crée le First Belgian Independent Group. Ainsi, le 1er Bataillon de Fusiliers est dissous et réorganisé en un groupement composé de 3 unités motorisées indépendantes. À côté de ces trois unités, la Brigade Piron se dote d’un état-major, d’un escadron d’autos blindées, d’une batterie d’artillerie, d’une compagnie du génie, d’une unité médicale et d’une brigade de trains. Un second groupement sert de centre d’instruction. Par la suite, un troisième groupement est créé pour les officiers de liaison auprès des armées alliées.

L’année 1943 et le début de l’année 1944 sont mis à profit pour faire du groupement belge une formidable unité de combat cohérente et souple qui opère de manière indépendante avec ses propres unités de service, du génie, d’artillerie et de reconnaissance. À la fin juillet 1944, l’unité de Piron, composée de 2 200 hommes, atteint un niveau de préparation absolu et est prête à passer à l’action.

Combats de la Brigade Piron en Normandie

L’ordre de mobilisation de la Brigade Piron arrive à la mi-mai 1944, mais celle-ci ne participe cependant pas à la phase initiale du débarquement. Au début du mois d’août, les 2 200 hommes et près de 500 véhicules débarquent au port artificiel d’Arromanches (Mulberry B) et sur la plage de Courseulles. La Brigade passe sous le commandement de la 6th Airborne Division britannique.

Le 17 août, l’opération « Paddle » – qui a pour but de libérer la Normandie – débute. Les hommes du colonel Piron attaquent Franceville. Quatre jours plus tard, ils pénètrent à Cabourg. Pendant que les hommes du génie remettent les ponts en état, les unités motorisées foncent sur Houlgate et Auberville. Le 22 août, la Brigade Piron libère Villers-sur-Mer et Deauville, Le Touquet le lendemain puis Honfleur le 25 août.

Lorsque la 6th Airborne Division est renvoyée en Angleterre, la Brigade est rattachée à la 49e division britannique. Elle effectue dès lors des missions de nettoyage le long de la Seine. Le 1er septembre, les Belges arrivent devant Le Havre pour y être incorporés à la 2e armée britannique dans le but de libérer Arras. Deux jours plus tard, la Brigade Piron quitte finalement la Normandie pour accompagner la Guards Armoured Division et libérer Bruxelles.

Combats de la Brigade Piron en Belgique

Le 3 septembre 1944, la Brigade Piron accompagne la Guards Armoured Division pour aller libérer Bruxelles. La division se met en marche, mais progresse lentement et l’objectif est en vue dans l’après-midi.

À 16h36, la Brigade franchit la frontière belge à Rongy. Elle continue ensuite vers Ath et Enghien où elle doit affronter une arrière-garde allemande. Ce n’est que le lendemain, 4 septembre, vers 15 heures, que les Belges entrent dans Bruxelles. Le lt.-gén. Roger Dewandre, à l’époque lieutenant, décrit toutefois qu’à la tête d’une petite avant-garde du 1st Belgian Squadron, il est entré une première fois à Bruxelles le 3 septembre au soir, à bord de son auto blindée Daimler Mk.II. Les Belges trouvent une ville en liesse et profitent de quelques jours de repos bien mérités.

Le 11 septembre, la Brigade appuie l’attaque de la 8th Armoured Brigade sur le canal Albert. L’unité se distingue par la prise de Bourg Léopold et libère une centaine de prisonniers politiques. Plus tard, alors que se déroule l’opération aéroportée Market Garden qui échouera à Arnhem, les Belges marchent sur Bree. Ils s’emparent de la région située entre le canal Meuse-Escaut et la Meuse et s’installent le long du canal de Wessem. Durant 46 jours, ils tiennent un front de 20 km, sans cesse menacé d’infiltrations par des patrouilles allemandes. Le 17 novembre, l’unité quitte le front pour se réorganiser et reformer une brigade complète.

À la fin novembre 1944, la Brigade Piron est réorganisée et renommée « Brigade de Libération ». Celle-ci participe à la libération des Pays-Bas et l’occupation de l’Allemagne à la fin de la guerre. Le 1er août 1946, le second bataillon de l’unité, qui est le bataillon d’origine, se voit attribuer le nom de « Bataillon de Libération ». Ce bataillon honore le passé et les traditions de la Brigade Piron.