Projet de recherche : Panorama du Congo

Projet de recherche : Panorama du Congo

En 2022, un projet consacré au Panorama du Congo a été lancé par le War Heritage Institute et trois partenaires internationaux membres de l’alliance universitaire européenne FilmEU : l’université Lusófona, pour le Portugal, la LUCA School of Arts, pour la Belgique et l’Institute for Art, Design + Technology, pour l’Irlande. Ce projet, intitulé « Decolonizing the Panorama of Congo. A Virtual Heritage Artistic Research » (CONGO VR) est mené par les différents partenaires universitaires. Son but est de contextualiser le panorama reconstitué virtuellement et de le réinterpréter dans une optique décoloniale.           

Le panorama est commandé par les autorités coloniales belges à Paul Mathieu (1872-1932) et Alfred Bastien (1873-1955), dans le cadre de l’Exposition universelle de 1913, à Gand. La toile monumentale (115 x 14m) y sera admirée par quelque 500.000 visiteurs. Grâce à son agencement circulaire, un faux terrain et un jeu de distorsions optiques, celle-ci donne au visiteur l’illusion de la réalité. La toile est exposée pour la dernière fois en 1935, à l’Exposition universelle de Bruxelles. Depuis les années 1950, contrairement aux rumeurs colportées par de nombreuses légendes urbaines, elle est conservée dans son intégralité au Musée de l’Armée.

Déployé sur huit panneaux qui se jouxtent, le panorama met en scène la ville de Matadi et ses alentours, le fleuve Congo, le marché, les chutes de la rivière M’Pozo et la forêt tropicale. Il met en avant l’offensive de civilisation belge dans la colonie, dans une visée propagandiste. L’industrie moderne, le transport maritime et le commerce s’y confrontent à la luxuriance de la nature ambiante et à l’exotisme de la population indigène.

Panorama Congo

La réalisation de cette composition monumentale de quelque 1600 m2 nécessite une préparation minutieuse, raison pour laquelle, en 1911, Bastien et Mathieu entreprennent un voyage d’étude à Matadi. Ils en reviennent avec de nombreuses esquisses de grand format, réalisées au fusain, sur quadrillage, dont certaines sont encore conservées au Musée de l’Afrique à Tervueren. Celles-ci leur permettent de reporter la composition sur la toile. La peinture elle-même est exécutée sur place, à Gand, dans la rotonde du pavillon colonial de l’Exposition universelle. Elle est réalisée à l’huile par toute une équipe, sous la direction de Bastien et Mathieu et avec la collaboration de Philippe Swyncop pour les scènes de marché, Armand Apol pour les paysages et du peintre parisien  Schultz pour les ciels. Les peintres Charles Swyncop et Charles Léonard apportent également une aide ponctuelle. Grâce à ses couleurs vives et à sa composition rythmée, ce panorama unique n’a rien perdu de sa splendeur près d’un siècle après sa réalisation.

La toile géante a été entièrement déroulée en décembre 2022 puis réenroulée sur un nouveau rouleau, afin de remplacer le rouleau en bois original et créer de meilleures conditions de conservation pour la toile. Le département Collections du WHI s’occupe également des recherches portant sur la méthode de travail de l’artiste et l’iconographie.

En s’appuyant sur des recherches archivistiques et artistiques et sur la photographie pour reconstituer l’œuvre virtuellement, le projet la valorisera et la préservera pour les générations futures, dans un contexte de narrations multiples et polyphoniques sur le passé colonial de l’Europe. CONGO-VR aura recours pour ce faire au concept de « patrimoine virtuel », qui fait référence à l’utilisation des technologies numériques et virtuelles pour cataloguer et transférer le patrimoine culturel.

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